Scène de crime à Laon en 1731

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A Laon, au matin du 10 juillet 1731, est retrouvé le corps de Jean-Louis Varlet, jeune homme âgé d’environ 15 ans. Le cadavre est déclaré « gatté » et « empuanti », ce qui n’a rien de surprenant puisque l’on apprend qu’il a été tué deux jours plus tôt vers 6h30 du matin, entre l’esplanade et la porte Saint-Georges.

Le corps relevé par Charles Marquette, lieutenant criminel au siège présidial de Laon, est autopsié par deux chirurgiens puis rapidement inhumé dans le cimetière de l’église Sainte-Benoîte. 
Le rapport d’autopsie nous apprend que Jean-Louis Varlet a connu une fin violente : il a été tué par arme à feu, puis étranglé, et enfin son corps a été traîné et caché derrière la haie d’une vigne au dessous des remparts de la ville. Le procureur du roi au bailliage et siège présidial de Laon est chargé de résoudre cet homicide, le siège présidial étant juge en première instance pour les crimes de sang. A cette occasion, les prêtres des paroisses laonnoises se font le relais du procureur puisqu’aux prônes de leurs messes, ils invitent à témoigner « tous ceux et celles qui avoient connoissance des querelles que ledit deffunt Jean-Louis Varlet pourroit avoir eu et des menaces qui luy auroient été faites et de l’assassinat commis en sa personne… ».

Le volumineux dossier de procédure comprend, outre l’instruction et les dépositions des témoins, un plan d’arpenteur réalisé le 19 décembre 1731 à la demande du procureur. Ce plan, établi sur place, tient compte des observations du lieutenant criminel et de plusieurs témoignages. La compréhension du drame et des témoignages s’éclaire grâce à divers points désignés par des lettres de l’alphabet : disposition générale des lieux (points A et B), scène du crime (points C à G) et endroits évoqués par les témoins (points H à M). Au-delà de son caractère judiciaire initial, ce document atypique fournit des renseignements sur l’occupation des sols, l’architecture militaire et le type de culture le long de l’actuelle promenade de la Couloire. 

Ainsi le dessin de la fortification s’avère instructif pour l’architecture militaire de Laon au XVIIIe siècle puisqu’il restitue minutieusement corps de gardes, guérites et contreforts. La présence de vignes indique une exploitation par les vignerons du terroir au sud du rempart. La comparaison de la représentation des rues et ruelles aboutissant au mur d’enceinte avec les plans actuels de la ville permet de constater la survivance du parcellaire d’Ancien Régime.