Histoire des Archives départementales

Les Archives départementales de l'Aisne conservent près de 25 kilomètres linéaires de documents du IXe siècle à nos jours. Ces collections sont le fruit d'une histoire multiséculaire et mouvementée.

Création et tutelle administrative

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Ancienne abbaye Saint-Jean

Les Archives départementales ont été créées à la Révolution, plus précisément par la loi du 5 brumaire an V (26 octobre 1796) afin de collecter, classer, conserver et communiquer les documents administratifs et judiciaires hérités des institutions d'Ancien Régime supprimées et ceux produits par les nouveaux organes du département. Le service s'installe dans l'enceinte de l'ancienne abbaye bénédictine Saint-Jean à Laon, désormais siège du département : elle y occupe le bâtiment du grenier d'abondance.

Cette institution dépend successivement des ministères de l'Intérieur (1796-1884), de l'Instruction publique (1884-1959) et de la Culture. Elle est placée sous l'autorité du préfet. 
En 1986, les Archives départementales deviennent un service du Conseil général de l'Aisne en application des lois de décentralisation tout en conservant les missions régaliennes exercées au nom du préfet (une loi de mai 1838 transférait déjà aux conseils généraux les frais induits par la conservation des documents d'archives). 

Cette histoire administrative explique la particularité des Archives départementales aujourd'hui placées sous une double tutelle :

  • la tutelle du ministère de la Culture pour le contrôle scientifique et technique des archives publiques (inspections, éliminations réglementaires, etc.) ;
  • la tutelle du conseil départemental pour la collecte, la conservation, le classement et la communication des documents.

Les destructions des deux guerres mondiales

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Croquis du bâtiment suite au bombardement de 1944

La première moitié du XXsiècle est terrible pour les Archives départementales : elles n'échapperont pas aux vicissitudes des deux conflits mondiaux qui frappent durement le département de l'Aisne. Lucien Broche, responsable des Archives entre 1906 et 1937, est indissociable de cette période au cours de laquelle il déploie une intense activité. Il doit d'ailleurs reprendre du service en 1941, puis entre 1944 et 1946 ! 


Entre 1914 et 1918, les Allemands utilisent les archives du XIXsiècle comme matelas protecteur contre les bombardements aériens visant un important centre de télécommunications qu'ils avaient installé dans le bâtiment des Archives (qui occupe toujours l'ancien grenier d'abondance de l'abbaye Saint-Jean). Par la suite, les dossiers sont enlevés par camions entiers pour être mis au pilon. Le bilan est désastreux : près de 12 000 articles, pour un métrage estimé entre 600 et 1 200 mètres linéaires, sont détruits ! Lucien Broche illustre ce désastre dans son rapport pour l'exercice 1921-1922 : "en ce qui concerne les séries modernes, sept d'entre elles paraissent avoir complètement disparu : elles concernaient l'administration et la comptabilité départementales, les affaires militaires, les travaux publics, l'instruction publique, la justice, les cultes et les établissements de répression". La série O (administration et comptabilité communales, 1800-1940), qui avait miraculeusement échappé à ce désastre, servi après guerre à délivrer plus de 47 000 expéditions authentiques pour reconstituer les titres de 800 communes axonaises. 


L'entre-deux guerres est donc consacré à la reconstitution des archives des communes bouleversées par le conflit. Durant cette période, les Archives départementales accueillent également environ 3 kilomètres linéaires de documents. Malheureusement, le 23 juin 1944, l'aviation alliée bombarde Laon et les Archives départementales font partie des dommages collatéraux. Le bâtiment est touché, et, faute de moyens, les documents qui n'avaient pas été détruits sur le coup sont abandonnés à leur sort : 50 000 articles sont anéantis. Ces deux sinistres conjugués expliquent aujourd'hui la faiblesse des collections pour les archives produites entre 1800 et 1940.


La reconstruction : les années 1940 et 1950

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Bâtiment de la rue de Signier inauguré en 1954

Dès 1947, les Archives départementales sont placées sous le contrôle de Joseph Étienne, archiviste en chef de la Somme. Un baraquement est construit, non loin de l'école normale d'instituteurs. On y range sommairement les documents.

En 1950, Jean Quéguiner devient archiviste en chef de l'Aisne. C'est le premier archiviste résidant à Laon depuis 1941, ce qui n'est pas sans conséquences sur la conservation des collections. Sa préoccupation constante est la vétusté des locaux provisoires où sont stockés les archives. Dans son premier rapport, il écrit "je me permets d'attirer spécialement votre attention sur l'urgence qu'il y aurait à entreprendre les travaux de construction du nouveau dépôt, l'exiguïté et l'humidité du baraquement actuel étant préjudiciables à la bonne conservation des archives du département". Il souligne peu après la reprise des activités normales de réception des versements et de classement, reprise toutefois difficile du fait de la dispersion des bâtiments, mais également de leur « insalubrité qui compromet la bonne conservation des archives qui pourrissent peu à peu ». En 1950, les Archives départementales de l'Aisne ne conservent que 1 500 mètres linéaires de documents. 

Le service est transféré en 1954 à proximité immédiate de l'hôtel du département dans un nouveau bâtiment, très moderne pour l'époque. Il est équipé de 8 000 mètres linéaires de rayonnage. Ce transfert et l'activité de Jean Quéguiner permettent une reprise rapide des activités du service : versements nombreux, et par conséquent, travaux de traitement. En 1956, les Archives départementales conservent déjà 6 100 mètres linéaires de documents. C'est pendant cette période que les documents émanant de la préfecture et des sous-préfectures de l'Aisne commencent à arriver aux Archives départementales. Très rapidement, le nouveau bâtiment se trouve saturé.


Le temps des déménagements : de la rue Fernand-Christ au Parc Foch

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Bâtiment de la rue Fernand Christ

Il faut attendre 1977 pour que les Archives quittent définitivement l'hôtel du département et s'installent dans un bâtiment neuf situé en ville basse, rue Fernand-Christ. En forme de tour et partagé avec les services sociaux du département, sa superficie est de 6 000 m² pour une capacité totale de stockage de 21 kilomètres linéaires.

À la fin des années 2000, les versements n'ont cessé d'enrichir les collections des Archives départementales et ce bâtiment est à son tour à saturation. Un retablettage des magasins de conservation et des éliminations règlementaires  permettent de dégager un peu d'espace pour accueillir de nouveaux versements et surtout une annexe est mise en service, rue Gabriel-Péri, avec une capacité de stockage de 3 kilomètres linéaires.

Cette situation reste précaire car elle ne permet toujours pas les accroissements et le bâtiment de la rue Fernand-Christ ne présente plus les conditions de conservation attendues en ce début du XXIe siècle. Le Conseil départemental de l'Aisne prend donc la décision de construire un nouveau dépôt dans l'enceinte du parc Foch (ancienne caserne du même nom) : mutualisé avec les services de la Bibliothèque départementale de l'Aisne et les collections muséales, il est livré en juin 2018 dans le cadre d'un partenariat public-privé (PPP). Il prend le nom de Centre des Archives et Bibliothèque départementales de l'Aisne (CABA).

Le nouveau bâtiment offre une capacité de stockage de 40 kilomètres linéaires, une salle de lecture moderne de 37 places, une salle d'exposition de 150 m² et 5 salles de formation dont une salle de conférence pouvant accueillir de 80 à 120 personnes. À terme, le foncier disponible à proximité immédiate est prévu pour une extension de 60 kilomètres linéaires.

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Le bâtiment du Parc Foch en cours de construction (2017)


Quelques chiffres (2023)

  • 27 agents
  • 6 500 m² de surface totale des magasins
  • 29 kilomètres linéaires de documents
  • 500 lecteurs accueillis en salle de lecture
  • 8 000 communications de documents en salle de lecture
  • 8 000 000 de pages numérisées consultables gratuitement sur le site internet
  • 307 523 visiteurs uniques sur le site Internet