Un Axonais dans l’armée d’Orient

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« Ils sont là pauvres petits soldats oubliés 
au milieu de pays qui leur sont inconnus… 
»

En mai 2011, sont entrés par don aux Archives départementales de l’Aisne des carnets et photographies de la campagne 14-18 de Gaston Hauteur. 
Celui-ci, né le 28 juin 1885 à Muscourt dans l’Aisne, s’engage volontairement dans l’armée en 1904. Du début de la guerre à 1917, il reste sur le front du nord : Charleroi (Belgique) en août 1914 ; Berry-au-Bac en août 1915 ; Rancourt (Somme) en septembre 1916. Il part en septembre 1917 pour le front d’Orient. 
Gaston Hauteur arrive à Salonique en octobre 1917. Il y rejoint les 600 000 soldats français, britanniques, serbes, italiens appartenant aux armées alliées d'Orient (AAO), dont fait partie l’armée française d’Orient (AFO). Les soldats grecs ont, quant à eux, rejoint depuis peu les effectifs de l’AAO suite à l’abdication en juillet de leur roi Constantin Ier, beau-frère de l'empereur Guillaume II et germanophile.

Depuis la création de l’armée d’Orient le 3 octobre 1915 1, les troupes françaises, sous la direction du général Sarrail, se battent contre Bulgares, Allemands, Autrichiens et Turcs en Grèce, Albanie et Macédoine. Souvent considérées comme des opérations secondaires au regard des grandes offensives européennes, les batailles livrées par les armées alliées en Orient ont pourtant joué un rôle capital dans le déroulement de la guerre. C’est notamment le cas en 1918, avec l’offensive du général Franchet d’Esperey du 15 septembre. Celui-ci parvient à effectuer une percée spectaculaire vers le nord et l’est, provoquant la capitulation successivement de la Bulgarie, de l'Empire ottoman, de l'Autriche et enfin de la Hongrie.

 

Soldats et officiers de l’AFO souffrent des accusations d’inaction véhiculées sur leur compte ; Clemenceau les surnomme ainsi « les jardiniers de Salonique ». Gaston Hauteur, dans un poème de novembre 1917, rappelle que les risques sont pourtant les mêmes qu’en Europe :

« Il est brave aussi et souvent quoique l’on en dise
si le front est quelquefois moins dur que là bas
il risque autant qu’à Verdun ou Hurtebise
et ce qui l’attend malgré tout c’est le trépas. »

Les soldats doivent aussi faire face à de nombreuses maladies graves, notamment dysenterie et paludisme :

« De plus le poilus d’Orient doit encore lutter
contre d’autres ennemis bien plus à craindre
la fièvre, le paludisme vont le guetter
et l’on dit en France qu’il n’a pas à se plaindre ».

Gaston Hauteur, victime de dysenterie, est rapatrié en France à bord du bateau hôpital Lafayette en octobre 1918. Il décède en 1924 à l’hôpital militaire de Vannes.



1Au corps expéditionnaire d’Orient créé le 22 février 1915, succède le corps expéditionnaire des Dardanelles puis l’armée d’Orient en octobre 1915. 
2Poème écrit par Gaston Hauteur le 13 novembre 1917 et dédié à sa femme et son fils. FRAD002 1 J 588

Pour en savoir plus, vous pouvez consulter sur le site du CRID 14-18 l'article de Rémy Cazals consacré à Gaston Hauteur. http://www.crid1418.org/temoins/2010/04/20/hauteur-gaston-1885/