Reconstruire : l'habitat provisoire

Maisons provisoires

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On s'aperçoit de la croissance exponentielle des maisons provisoires (en augmentation de 50% en deux ans) pour faire face au retour des personnes déplacées, aux problèmes de logement des nouveaux arrivants...
Si l'on retient une moyenne basse de trois individus par maison, ce sont près de 100 000 personnes qui occupent des maisons provisoires dans l'Aisne en juillet 1923, soit pratiquement le quart de la population totale.

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Immeubles non industriels

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Ce graphique, joliment illustré de croquis, donne la mesure des destructions dans l'Aisne : 111 557 immeubles non industriels détruits ou endommagés pour une population qui compte à peine 200 000 habitants à l'Armistice de 1918.
69 794 immeubles sont reconstruits ou en cours de reconstruction au ler juillet 1923 : la tâche à accomplir est donc loin d'être achevée, mais ce qui a été réalisé en un peu plus de quatre ans est spectaculaire.
La main-d'œuvre étrangère (Italiens en particulier) ou venue d'autres départements français a été largement mise à contribution.

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Plans des bâtiments provisoires mis en place à Laon

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Dès le début des années 1920, l'État (ministère des Régions libérées) passe des accords avec les municipalités des départements sinistrés (par exemple Laon) pour construire des logements provisoires destinés à accueillir les familles les plus durement touchées par la guerre.
Ces plans prouvent la grande simplicité des ces bâtiments en bois et tôles destinés à être montés très rapidement et facilement. L'urgence et l'ampleur de la tâche imposent ce "prêt à bâtir" dont la nature "provisoire" est souvent toute relative.

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Pétition des locataires de baraquements du champ Saint-Martin à Laon

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Cette pétition intervient deux ans après que l'État, estimant que le travail de reconstruction était terminé pour l'essentiel, a décidé de ne plus assurer la location et l'entretien des logements provisoires. Cette charge incombe désormais aux municipalités qui décident généralement de vendre ces logements à des particuliers ou de les détruire.
Ceci met en émoi les bénéficiaires des ces logements "sociaux" qui n'ont pas les moyens de s'en porter acquéreurs et qui ne peuvent guère payer des loyers au cours réel du marché. Pour défendre leurs "acquis", ils développent des arguments hygiénistes très répandus à cette époque, n'hésitant pas à mettre en avant l'intérêt médical qu'il y aurait à habiter ces logements pourtant peu confortables mais situés dans un quartier très rural, à l'écart du reste de la ville.
Finalement, le maire de Laon décide d'ajourner "momentanément" la mise en vente de ces baraquements.

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Demande au maire de Laon pour l'obtention d'un baraquement provisoire

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Cette lettre, non datée avec précision, mais probablement écrite en 1934 ou 1935 d'après la liasse dont elle provient, met en évidence :

  • d'une part, la "pérennité" des logements dits provisoires de la reconstruction, qui, pour certains, existent jusqu'à la Seconde Guerre mondiale. Ils sont alors remplacés par une nouvelle génération d'habitats provisoires nés de cette autre guerre ;
  • d'autre part, l'attraction de ces logements à loyer très modéré pour une clientèle peu fortunée, particulièrement pendant la crise des années trente. C'est elle qui pérennise finalement un type d'habitat voué initialement à une disparition rapide.

Une évolution apparaît dans l'origine sociale des locataires : aux classes moyennes des premiers temps (commerçants, employés, ingénieurs, etc.) qui ont trouvé à se reloger dans des maisons plus confortables, succèdent des personnes plus défavorisées.
Dans cette lettre, les raisons économiques ne sont pas directement évoquées même si elles transparaissent. Par contre, l'argument hygiéniste encore très en vogue, est mis en avant ("mes deux enfants se porteraient mieux"), renforcé par les conséquences physiques et sociales de la guerre ("gazé", "voici un an que je ne travaille [plus]").

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