Répression allemande, déportation

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Du côté allemand, le secteur "contre espionnage et protection" de l'Abwehrpeut compter sur la police secrète de campagne et sur les gendarmerie de campagne. Service de sécurité (SD) et police de sûreté (Sipo) complètent le dispositif.

Police et gendarmerie françaises prêtent leur concours à l'occasion. Parallèlement les hommes de main du PPF deviennent une force de police supplétive de la Gestapo. Dans l'Aisne la collaboration du PPF avec les agents du SD de Saint-Quentin est particulièrement active. Par ailleurs, la Milice, créée au début de l'année 1943, soutient les opérations allemandes de répression. Elle n'a dans l'Aisne qu'une faible activité, n'ayant pas suffisamment de membres pour être bien structurée.

Une partie de la population contribue à rendre le quotidien des résistants extrêmement précaire, en dénonçant un résistant ou une famille connue pour des idées anti-allemandes (Cf. photo du groupe de résistants et martyrs de Tugny-et-Pont).

 

Dans un premier temps, une surveillance étroite d'un certain nombre d'individus connus pour leurs opinions politiques et leur militantisme d'avant guerre est organisée. Il ne s'agit pas forcément de les arrêter mais de remonter une filière, en les filant et en fouillant leur domicile, jusqu'à atteindre la tête d'un réseau (Cf. rapport de la gendarmerie de Vervins).

Les arrestations opérées par les Allemands, et leur motif quand il est connu, sont systématiquement rapportées par la police au préfet. Sabotage (Cf. arrestation de Léon Fossier), aide aux alliés, cache d'armes (cf. rapport du commissaire des RG de Laon) sont autant de raisons justifiant la répression.

Les résistants arrêtés, internés à la citadelle de Laon ou dans les maisons d'arrêt du département, subissent des interrogatoires musclés, parfois des tortures (Cf. documents sur Raymonde Fiolet). Certains sont fusillés immédiatement (Cf. dernière lettre de Léon Durville), d'autres doivent subir le terrible sort de la déportation dans les camps de concentration. Le trajet commence par un rassemblement au camp de Royallieu dans l'Oise, avant le départ dans des wagons à bestiaux pour Buchenwald, Ravensbrück, Dachau, etc. Les conditions de vie inhumaines marquent à jamais les rares survivants (Cf. témoignage de Jean Guerbette).

 

Les statistiques établies après la guerre montrent qu'il y a eu dans l'Aisne 2173 arrestations. 235 personnes ont été internées plus de trois mois, 168 fusillées. Sur les 743 déportés que compte le département, on peut en distinguer 429 au titre de la Résistance et 72 pour motif politique (auxquels s'ajoutent 27 otages et 215 déportés " raciaux "). Les combats de la libération font 123 victimes parmi les FFI. Le tribut à payer est donc très lourd.