Le tramway : une solution idéale pour relier la ville haute et la ville basse

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Au XIXe siècle, l’accès à la ville haute se fait avec beaucoup de difficultés. La municipalité a construit un escalier de plus de 265 marches. Le temps de trajet est en moyenne d’une trentaine de minutes. C’est un chemin qui demande une bonne condition physique. Il n’existe que trois routes carrossables, à forte déclivité, empruntées quotidiennement par voitures privées, voitures de louage et omnibus hippomobiles. En 1898, plus d’une centaine de chevaux sont employés pour le transport des voyageurs et des marchandises. Ces moyens de transport sont lents, rudimentaires et pour certains (voitures de louage) coûteux. La forte concentration de voitures provoque une saturation du réseau routier du plateau. Il faut donc trouver des solutions. 

Dans les années 1880, la Ville de Laon est fortement sollicitée par ingénieurs et inventeurs pour réaliser un moyen de transport public efficace. En effet, la topographie originale attire les ingénieurs souhaitant relever le défi de la déclivité. Paul Doumer, alors 1er adjoint du maire de Laon, Monsieur Bonnot, fait le choix du chemin de fer. Il s’est intéressé de près à une autre ville française : Langres, une ville dont la topographie est comparable, et qui a fait le choix du chemin de fer à crémaillère. 
Une première expérimentation a lieu à l’occasion du « Concours régional de mai 1888 ». Est mis en place un tramway à vapeur inventé par la maison Decauville. Le succès est mitigé. En effet, la machine laisse le souvenir d’une efficacité relative du fait de pannes, et de beaucoup de nuisances sonores et olfactives. 
En 1893, Georges Ermant élu maire, reprend le projet de son prédécesseur. Il fait confiance à un ingénieur des Ponts et Chaussées, Monsieur Bourquelot. Celui-ci propose un tramway à traction électrique et à crémaillère pour les zones à forte déclivité. Le premier projet de tracé est refusé par le général de la brigade militaire de Laon. Ne se laissant pas décourager, le maire propose un autre tracé, adopté et inauguré les 8 et 9 juillet 1899. 

Le tramway devient un élément à part entière dans la ville de Laon. Il part de la gare pour rejoindre la place de la mairie. Le tramway devient popuaire. Une chanson intitulée « le Petit Funiculaire » rencontre un franc succès dans les années 1930. C’est un moyen de transport confortable avec une première et une deuxième classe. Trois puis quatre automotrices sont mises en circulation. Une vingtaine d’aller-retour par jour s’échelonne entre 5 heures du matin et minuit. La durée du voyage est de 8 minutes. Les prix sont faibles et un système d’abonnement avantageux est mis en place pour ouvriers et employés. L’exploitation est assurée par la société du Chemin de fer de Laon (CFL) puis par une Régie. La circulation est interrompue en 1971 pour des raisons de sécurité. En effet, le matériel est vétuste et depuis l’accident du dancing de Saint-Laurent-du-Pont (Isère), la réglementation pour les lieux accueillant du public est beaucoup plus draconienne. 

Le tramway a marqué la vie laonnoise pendant plus de 70 ans. Une locomotive est d’ailleurs toujours exposée devant la gare.