La gare de Tergnier

La gare de Tergnier, 30 mars 1917 (Arch. dép. Aisne, 2 Fi Tergnier 2).

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Si la présence d’une gare est aujourd’hui chose courante dans les villes plus ou moins importantes, cela l’était beaucoup moins au début du XIXe siècle. La gare est souvent perçue comme un signe de développement d’une ville, grâce notamment aux voyageurs qui s’y arrêtent et y transitent. La gare de Tergnier en est l’exemple type.

 

Elle est ouverte le 1er janvier 1850 par la Compagnie du chemin de fer du Nord. Elle n’est alors qu’un simple baraquement remplacé 10 ans plus tard par une structure en dur. La gare se dote alors d’un buffet, d’un dépôt de trains, d’ateliers, d’un centre de triage et d’un centre d’apprentissage, ce qui en fait une gare de grand rayonnement.

 

Sa situation, sur la ligne Paris-Saint-Quentin, à 130 kilomètres de Paris, en fait un point stratégique. Dès sa construction, elle est une étape pour les locomotives qui doivent s’y arrêter afin de se réalimenter en eau et en charbon.

 

En même temps que sa gare, Tergnier se transforme en une ville de plus en plus importante. La croissance démographique de la ville est favorisée par le trafic ferroviaire qui devient de plus en plus important. En effet, Tergnier, qui comptait environ 300 habitants avant la création de la gare, atteint les 5 000 habitants en 1914.

 

La gare fait bientôt partie intégrante de l’économie ternoise, et de nombreux habitants y travaillent. Il faut alors loger tous ces travailleurs.

 

Aussi, une cité « cheminote » voit le jour à Quessy-Cité après la Première Guerre mondiale : la cité-jardin de Tergnier. Cette dernière est construite sur un schéma de locomotive imaginé par Raoul Dautry, ingénieur de la Compagnie des chemins de fer du Nord. C’est également lui qui réinstalle les activités cheminotes sur Quessy. Il reproduira ce modèle de cité quelque 31 fois pour le compte de la Compagnie des chemins de fer du Nord. La cité se développe sur 120 hectares et compte alors 800 logements inaugurés en 1921. Elle est également dotée de plusieurs écoles, d’un jardin public, et de nombreux services de proximité, dont une poste et un économat.

 

Mais si la gare de Tergnier est le vecteur de l’économie locale, elle joue aussi un rôle important et déterminant lors des différentes campagnes militaires qu’a connues la France.

 

Elle fut le lieu de départ des représentants diplomatiques allemands le 8 novembre 1918. Ces derniers prirent ensuite la direction de Compiègne pour rejoindre la gare de Rethondes afin de signer l’armistice. Ils étaient alors accompagnés par les forces françaises et alliées. Ils sont également descendus à Tergnier le 11 novembre, après avoir signé les conditions de l’armistice.

 

Lors de la Seconde Guerre mondiale, notamment en 1944, la gare, lieu stratégique, fut la cible de bombardements qui ont fait de nombreux morts et blessés. La cité-jardin, située près de la gare, fut détruite aux deux tiers. Après la guerre, elle ne sera pas reconstruite selon le même schéma.

 

Aujourd’hui, l’activité ferroviaire a fortement diminué en gare de Tergnier. Cette dernière n’est plus qu’un lieu de transit. Le triage et les activités du dépôt sont réduits. Le buffet, longtemps abandonné, a quant à lui retrouvé ses couleurs avec sa rénovation et la construction d’une médiathèque, ouverte en 2010, en son lieu et place.