28 janvier 1871, l’armistice est signé

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Les archives communales de Laon sont dotées d’un fonds assez riche sur la guerre de 1870. Parmi les pièces conservées, une dépêche officielle datée du 29 janvier 1871 de l’empereur Guillaume Ier à son épouse, l’impératrice Augusta, annonce la signature la veille d’un armistice. Cette dépêche, sous forme d’affiche, est bilingue. Elle est écrite en français et en allemand et contresignée par le préfet allemand de l’Aisne, le baron de Landsberg.

À sa lecture, on apprend que l’armistice, qui suspend la guerre franco-allemande sauf sur le front de l’Est, n’est valable que trois semaines, soit jusqu’au 19 février. Si les pourparlers entre les protagonistes ne sont pas concluants à la fin de ce délai, la guerre reprendra. Cependant, pour éviter une reprise des combats autour de Paris, l’armée allemande occupe tous les forts qui protègent la capitale.

Si Bismarck veut une paix rapide, il entend que les conditions de celle-ci soient négociées avec un gouvernement représentatif de tous les Français. Aussi, des élections législatives doivent être organisées dans les 14 jours, y compris dans les territoires occupés par l’ennemi. Les troupes d’occupation faciliteront les élections françaises.

Par ailleurs, Guillaume Ier se félicite de ce premier pas vers la paix qu’il appelle sincèrement de ses vœux. Cette paix entérinerait le nouvel équilibre européen et la reconnaissance du nouvel État proclamé le 18 janvier dans la galerie des Glaces du château de Versailles. Comme il l’a souhaité, l’unité de l’Allemagne s’est enfin réalisée sous l’égide de la Prusse grâce à cette guerre déclarée par un ennemi commun à tous les États allemands.

La nouvelle assemblée législative se réunit à Bordeaux le 13 février et Thiers, partisan de la paix comme la majorité des députés, est élu le 17 chef du pouvoir exécutif de la République française. Il peut engager les négociations avec Bismarck. Ce dernier se montre intraitable. L’Alsace et la Moselle avec Strasbourg et Metz doivent faire partie intégrante du nouveau Reich. De plus, une indemnité de 6 milliards de francs-or est exigée. Des troupes allemandes, à la charge du gouvernement français, occuperont les départements de l’est de la France afin d’en garantir le paiement complet.

Malgré son talent, Thiers n’obtient aucun assouplissement de la part de Bismarck, si ce n’est la conservation de la place de Belfort, contre cependant quelques compensations territoriales, et la réduction de l’indemnité de guerre de 6 à 5 milliards de francs-or. La France n’est pas en position de marchander, car un échec diplomatique entraînerait la reprise de la guerre. Thiers et la très grande majorité des Français ne le veulent pas. Il faut s’entendre avec l’ennemi quitte à accepter ses exigences. D’ailleurs, les partisans de la guerre à outrance, comme Gambetta, ont abdiqué et laissé le champ libre aux partisans de la paix. Les préliminaires de celle-ci sont ainsi signés le 26 février et la paix seulement le 10 mai à Francfort, la Commune ayant entre-temps retardé les négociations.

Si le traumatisme de la perte de l’Alsace-Lorraine est évident, la France rembourse plus tôt que prévu l’indemnité de guerre et se relève très rapidement dans tous les domaines. Elle reste un pays riche, mais souffre toutefois de l’isolement que lui impose l’Allemagne. Il faudra attendre la démission de Bismarck en 1890 et le changement de politique de Guillaume II pour que la France sorte de cet isolement et retrouve le rang qui était le sien avant la guerre de 1870.