Une histoire de la collégiale de Saint-Quentin et du Fragment de Saint-Quentin

Un mystérieux Fragment
« Vue de la cathédrale de St Quentin »
L’église et son terrain
De multiples travaux
La basilique de Saint-Quentin

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La collégiale de Saint-Quentin…

 

Plusieurs édifices religieux ont été bâtis successivement sur le site où aurait été martyrisé au IIIe siècle Quintinus, particulièrement vénéré dans cette ville qui porte son nom. L’actuelle basilique est érigée en plusieurs phases à partir de la seconde moitié du XIIe siècle. Elle est nommée dès sa construction « collégiale » de Saint-Quentin car elle est entretenue par le collège de chanoines en place depuis le IXe siècle.

 

La tour du clocher dite tour Saint-Michel est construite en 1195, le chevet en 1205, le chœur est achevé en 1257 et inauguré en présence du roi Louis IX (1226-1270). Viennent ensuite les chapelles absidales, le grand transept et enfin la nef de 1400 à 1476. Elle est alors l’une des plus grandes collégiales de France au point d’avoir les dimensions d’une cathédrale.

 

Néanmoins, elle est victime de délabrement réguliers en raison de défauts de stabilité des voûtes. En outre, des catastrophes naturelles (en 1545, la foudre consume une partie de l’église tandis que le toit est emporté par un incendie en 1669) et des guerres (lors du siège de 1557, elle est frappée par des boulets de canon qui frappent le chœur et plusieurs vitraux) fragilisent régulièrement l’édifice.

 

Pour ces raisons et même si sa façade occidentale restera inachevée, la collégiale est sans cesse en travaux. Pour les financer et en complément des donations de la Couronne, les Saint-Quentinois, très attachés à cette église par « patriotisme local », lèguent souvent une partie de leurs biens aux chanoines

 

Après avoir souffert des destructions antichrétiennes en 1793, l’église, restaurée à plusieurs reprises au XIXe siècle, est classée sur la liste des monuments historiques dès 1840, puis érigée en basilique mineure en 1876. Ce classement ne l’empêche pas de souffrir des affres de la Première Guerre mondiale : elle est pillée par les Allemands dès 1914, puis frappée par de nombreuses explosions et obus qui font s’effondrer le tombeau de saint Quentin. L’église est entièrement restaurée dans la décennie 1920.

 

Et l’un de de ses trésors disparus : le fragment de Saint-Quentin.

 

Au XVIIe siècle, l’historiographe André Duschesne (1584-1640), trouve, dans un manuscrit conservé à la bibliothèque de la collégiale une copie d’une chronique médiévale consacrée au roi Philippe-Auguste. Il en recopie la fin, soit un passage allant de la bataille de Bouvines le 27 juillet 1214 au débarquement de Louis le Lion (futur Louis VIII) en Angleterre en 1216. En 1906, l’historien Charles PETIT-DUTAILLIS retrouve cette copie par hasard à la Bibliothèque nationale. Quelques années après sa découverte, cette copie est renommée « Fragment de Saint-Quentin » par l’historien allemand Alexandre CARTELLIERI dans sa biographie de Philippe-Auguste. Malgré l’opposition de Charles PETIT-DUTAILLIS qui lui préférait le nom de « Fragment de l’histoire de Philippe-Auguste, roi de France », ce nom est passé à la postérité.

 

La chronique ainsi que le manuscrit de la collégiale de Saint-Quentin qui en contenait la copie intégrale ont disparu depuis longtemps, faisant du Fragment de Saint-Quentin la seule trace de leur existence. Ce document précieux offre un point de vue sur les événements car les sources sur cette époque sont particulièrement rares : il apporte ainsi des corrections ou des compléments aux quelques chroniques conservées. Il insiste par exemple sur les chevaliers entourant le roi de France, notamment Girard (ou Gérard) la Truie et Michel III de Harnes, possible commanditaire de la chronique originelle. Le fragment contient cependant certaines confusions et erreurs, en particulier dans sa dernière partie, bâclée. L’oriflamme de saint Denis est confondu avec d’autres bannières tandis que les termes de la paix conclue entre le prince français et le comte du Kent ne sont pas exacts.

 

L’ancienne collégiale et ce Fragment forment ainsi des éléments essentiels du patrimoine historique et culturel France Saint-Quentinois.

 

Sources, bibliographie et sitographie

 

Pour la collégiale de Saint-Quentin

  • Site Monumentum, carte des monuments historiques français, https://monumentum.fr/monument-historique/pa00115910/saint-quentin-ancienne-collegiale-saint-quentin
  • https://inventaire.hautsdefrance.fr/dossier/IA02001429
  • DÉMARET (chanoine et archiprêtre), Petit guide illustré de la basilique de Saint-Quentin, une des martyrs de la Grande Guerre, brochure de 36 pages, 1924. 8° br 487
  • DESPORTES (Pierre), « Saint-Quentin en Vermandois : la collégiale et la ville », dans Les collégiales et la ville dans la province ecclésiastiques de Reims (IXe-XVIe siècles), actes du colloque d’Amiens-Beauvais des 3-5 juillet 2009 sous la direction de Roselyne LE BOURGEOIS, Anne MASSONI et PASCAL MONTAUBIN paru en 2010 dans Histoire médiévale et archéologie numéro 23, pages 151-157.
  • HUBERT (Jean), L’architecture religieuse du Haut-Moyen âge en France. Plans, notices et bibliographies, brochure de 98 pages, 1952. 4° br 55
  • RIBOULOT (Christiane), La basilique de Saint-Quentin, brochure de la collection « Parcours du patrimoine », 72 pages, 2012. 8° br 2397

 

Pour le Fragment de Saint-Quentin

  • BARTHÉLÉMY (Dominique), La bataille de Bouvines, histoire et légende, Perrin, 2018, 400 pages
  • PETIT-DUTAILLIS (Charles), « Fragment de l’histoire de Philippe-Auguste, roy de France », dans Bibliothèque de l’École des Chartes, tome 87, 1926, pages 98-141. 8° R 47/87