La caserne Foch à Laon

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1912 : le plan d’ensemble pour la construction de la caserne de Semilly à Laon, qui prendra par la suite le nom de Quartier Foch, est dressé. Focus sur ce document, extrait du fonds des directions et chefferies du génie militaire.

 

La ville de Laon s'inscrit dans une riche histoire militaire, visible notamment par le nombre des casernes qui s’y sont succédées. La première d’entre elles est construite sous Henri IV en 1595 : c'est la citadelle de Laon, rebaptisée ensuite caserne d'Hédouvillle. Elle a notamment abrité le 45e Régiment d’infanterie. La caserne des Dragons de la reine, également connue sous les appelations de caserne Saint-Martin ou Quartier Hanique, est construite en 1788. Plusieurs régiments d’artillerie s’y sont succédés, dont le 29e Régiment d’artillerie, dans lequel a servi le Maréchal Foch de 1902 à 1903. Une troisième caserne est édifiée en 1880, la caserne Saint-Vincent ou Thérémin d’Hame.

 

Le projet de construire une quatrième caserne à Laon vise à répondre aux nouvelles problématiques que rencontre l’armée au début du XIXe siècle.

 

Il s’agit d’abord de loger des effectifs qui augmentent considérablement. Au lendemain de la guerre de 1870, l’armée française connait plusieurs réformes qui accroissent ses effectifs. Les lois d’organisation de l’armée de juillet 1872 et de juillet 1873 amènent 200 000 hommes supplémentaires qu’il faut loger. C’est dans ce contexte qu’est construite à Laon, en 1880, la caserne Thérémin d’Hame. En 1913, la loi de trois ans augmente la durée de service obligatoire et réorganise une nouvelle fois l’armée qui accroît encore ses effectifs de 180 000 hommes.

 

L’armée doit ensuite se moderniser et s’adapter aux évolutions militaires. Le développement et l’amélioration de l’artillerie ainsi que l’apparition de l’aviation obligent à construire les casernes à l’écart des villes. C’est le cas pour la caserne Foch, installée en marge de la ville de Laon dans le faubourg de Semilly, très peu bâti à l’époque. La mécanisation de l’armée contraint également à dépasser la simple distinction entre troupes montées et troupes à pied. Les régiments sont de plus en plus spécialisés et les casernes doivent s’adapter. Cette adaptation des casernes sera de nouveau bouleversée par la Première Guerre mondiale qui rend obsolète l’usage de la cavalerie et fait de l’artillerie et de la mécanisation une norme.

 

Le plan présenté ici illustre parfaitement cette transition. En 1912, l’armée prévoit la construction de 4 grands pavillons de logements derrière lesquels se trouvent selleries, écuries et manèges : autant de bâtiments capables d’héberger près de mille chevaux nécessaires au 29e Régiment d’artillerie qui doit occuper le site. Les deux premiers pavillons sont construits en 1913 puis la Première Guerre mondiale et l’occupation par les Allemands stoppent les travaux. Au lendemain de la guerre, la construction de la caserne est repensée : les écuries et autres bâtiments équestres laissent la place à des garages et des ateliers de mécanique.

 

Cependant, si la construction du Quartier Foch diffère du projet initial de 1912, c’est principalement dans l’usage des bâtiments. L’organisation générale de la caserne et la disposition des espaces seront quant à elles gardées. On retrouve au centre les pavillons de casernement qui séparent les bâtiments civils, tel que le réfectoire, des bâtiments techniques et moins esthétiques cachés à l’arrière.

 

La caserne de Semilly a accueilli pendant près d’un siècle de nombreux régiments, principalement d’artillerie, mais aussi le Centre d’instruction du train 152 et le 58e Régiment de transmissions. Elle a connu pendant cette période de nombreux réaménagements qui n’ont jamais changé la disposition d’ensemble projetée en 1912. Aujourd’hui, le site connait une deuxième existence et abrite de nombreux services parmi lesquels les Archives départementales de l’Aisne.

 

Sources :

4° 595 Les casernes françaises, François Dallemagne, Paris, Editions Picard, 1990, 256 p.

8° 3600 Laon, ville militaire. Joseph Tyran, Cambrai, Nord Patrimoine Editions, 1999, 136 p.