Libération, pacification

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Les résistants axonais passent à l'état de guérilla, puis à l'état de guérilla renforcée. Ils gagnent les maquis (Cf. prévision des combats de la Libération) et les sabotages se multiplient, mais la répression est féroce : le maquis des Usages est attaqué le 23 juin, le maquis de Saint-Algis le 7 juillet. Les troupes américaines pénètrent dans l'Aisne dans la nuit du 27 au 28 août et libèrent peu à peu le département. La Résistance axonaise, pourtant sous-équipée, participe aux combats avec les forces alliées et harcèle les Allemands qui battent en retraite : 123 résistants tombent au champ d'honneur à la Libération.

Excédés, les SS commettent des exactions à Tavaux (30 août), à Plomion (31 août) et à Étreux (2 septembre). Le département est totalement libéré le 4 septembre (Cf. photographies de la Libération).

L'instance politique de la Résistance axonaise, le Comité départemental de la Libération, chargé de faciliter "la transition démocratique", tient sa première réunion clandestine à Soissons le 27 mai 1944. Toutefois, un commissaire de la République (Pierre Pène) et un préfet clandestins (Hyacinthe Tomasini) sont nommés en mai pour représenter le Gouvernement provisoire de la République française ; une fois le département libéré, ils assurent le retour à la légalité républicaine. Le CDL continue néanmoins à fonctionner ; il demeure la proie de tensions politiques relatives à la représentativité de la Résistance (Cf. comptes rendus des séances du CDL). Des comités locaux de Libération remplacent provisoirement les conseils municipaux dont les membres avaient été nommés par Vichy.

La Résistance intérieure prend en charge l'épuration : dès 1943, le Comité français de Libération nationale ébauche les moyens à mettre en œuvre pour sanctionner le choix de la collaboration. Une ordonnance du 26 juin 1944 précise que les actions ayant pu "favoriser les entreprises de toute nature de l'ennemi" seront jugées et punies. L'ordonnance du 26 août 1944 définit le crime d'indignité nationale. A la Libération, exécutions sommaires et tonsures publiques cohabitent, comités locaux et CDL statuent sur le sort des collaborateurs (Cf. compte rendu de la séance du CDL du 2 octobre 1944).

Pour mettre un terme à la période insurrectionnelle et retrouver l'absolue légalité républicaine, le préfet de l'Aisne instaure, le 9 septembre 1944, des commissions d'épuration d'arrondissement, composées de résistants qui préparent les dossiers à remettre aux juges, dans le but de faciliter la procédure d'épuration des tribunaux réguliers (Cour de justice et chambre civique). L'épuration génère une grande tension, les dénonciations sont fréquentes et les motifs de collaboration reprochés nombreux mais pas toujours justifiés (Cf. lettre de M. André Poniatowski).