Lettre des Laonnois au nouveau roi (27 août 1830)

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Ce document est issu du fonds des Archives communales de Laon. Il témoigne de la fidélité de la municipalité laonnoise envers le nouveau monarque porté au pouvoir par les Trois Glorieuses.

 

Le troisième paragraphe de cette lettre évoque en effet la fin du règne de Charles X et la chute de la dynastie à laquelle il appartient « L’odieuse, la perfide violation du pacte fondamental…en soulevant l’héroïque population de la capitale, a renversé à jamais, après les trois mémorables journées de juillet, une Dynastie ». Au printemps 1830, dans un contexte économique difficile, Charles X et le prince de Polignac entrent en conflit avec la Chambre des députés. En effet, cette dernière voit d’un mauvais œil la politique de plus en plus réactionnaire menée par le souverain. Pour tenter de stopper l’opposition parlementaire, quatre ordonnances, qui portent atteinte à la liberté de la presse et modifient le système électoral, sont signées le 25 juillet. Pour les députés et les journalistes libéraux, c’en est trop. La situation devient alors hors de contrôle dans la capitale. Des échauffourées éclatent le 27 et l’état de siège est proclamé. Le jour suivant, le centre et l’est de Paris sont couverts de barricades et les combats qui éclatent font près d’un millier de morts. Le roi retire alors les ordonnances controversées mais trop tardivement. Les députés et les journalistes se tournent vers le duc d’Orléans qui représente à leurs yeux une bonne alternative. Selon eux, il protégera le pays à la fois d’un retour à l’Ancien Régime et du danger républicain. Le 31 juillet, le duc d’Orléans devient lieutenant général du royaume. Le 7 août, les Chambres réunies lui proposent la couronne et lui soumettent une Charte révisée citée au début du présent document « Le souverain, qui a dit que la Charte seroit désormais une vérité ». Le règne de Louis-Philippe Ier, roi des Français, et non de France comme ses prédécesseurs, commence le 9 août.

 

Dans cette lettre, la municipalité Laonnoise évoque aussi l’engagement de Louis-Philippe d’Orléans lors de la Révolution française « Votre Majesté, Sire, a eu le bonheur, à l’aurore de notre glorieuse régénération politique, de marcher dans nos rangs pour combattre les ennemis qui menaçoient le Sein de la Patrie ». En effet, après avoir fréquenté le club des Jacobins, il rejoint l’armée et participe aux batailles de Valmy et de Jemmapes en 1792. Rejeté à la fois par les républicains et par les royalistes il part pour un exil qui durera 20 ans.

 

À la fin de cette adresse au roi, la situation politique de la ville de Laon est évoquée. Effectivement, le soutien des Laonnois aux orléanistes face aux légitimistes est souligné. Le changement de dynastie qui s’opère en 1830 permet de voir les conseillers municipaux laonnois qui étaient réellement des soutiens de Charles X. Ainsi, en septembre 1830, le maire de Laon Pierre-Joseph de Sars de la Suze, son deuxième adjoint et 10 conseillers sur un nombre de 30 démissionnent. Un orléaniste, Charles-Henri Le Carlier d’Ardon devient maire. Il prête, avec son deuxième adjoint, Oyon-Regnault, serment de fidélité au roi et à la Charte en septembre. Le mois suivant, 13 nouveaux conseillers entrent en fonction.

 

Une nouvelle ère s’ouvre. Pour la ville de Laon, elle sera placée sous le signe de la transformation avec de nouveaux aménagements urbains et la construction d’un nouvel hôtel de ville. Pour la France, le règne de Louis-Philippe Ier sera marqué dans un premier temps par une conciliation avec ses voisins européens et l’essor de l’activité économique qui permettra au régime de se stabiliser avant de tomber face au mouvement républicain et à l’hostilité de la population.

 

Bibliographie

SIRINELLI Jean-François (dir.), Le dictionnaire de l'Histoire de France, Paris, Larousse, 2006.

CARÊME Claude, « La municipalité de Laon et la construction de l’hôtel de ville (1830-1857) »,Bulletin de la Société historique de Haute-Picardie, tome XX, 2015, p. 113-169.