Les sceaux de Roger et Aélide de Rozoy

Sceaux de Roger et Aélide de Rozoy H 956
Sceaux de Roger et Aélide de Rozoy H 956
Sceaux de Roger et Aélide de Rozoy H 956

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Les Archives départementales de l'Aisne conservent dans leurs fonds anciens (principalement dans les fonds ecclésiastiques) un grand nombre de pièces scellées. Le sceau est obtenu par l’apposition d’une matrice sur une matière malléable (ici la cire).

Apparu dès le IVe millénaire avant notre ère, l'usage du sceau se développe auprès des rois qui font graver des matrices à leur effigie à partir du IXe siècle et se généralise auprès des seigneurs au XIIe siècle et s'étend ensuite aux autres couches sociales (XIVe-XVe siècles).



Le document présenté ce mois-ci est une charte scellée provenant du fonds des archives de l'abbaye Saint-Martin de Laon.

Il comporte deux sceaux : celui de Roger, seigneur de Rozoy et de Chaumont (qui périt à la bataille de la Mansourah en 1250 pendant la septième croisade) et celui de sa troisième épouse, Aélide de Montmorency. Dans ce document, Roger abandonne à l'abbaye Saint-Martin de Laon ses droits sur les prés, four, chaumes, forages et terrage de Renneville, avec l'approbation de sa femme, en mai 1246.

Le diamètre des sceaux varie généralement entre 10 et 120 mm. Ici, ils mesurent 70 mm de diamètre, ce qui les place dans la moyenne des sceaux de seigneurs du XIIIe siècle. Ce sont des sceaux ronds, de type équestre, en cire brune, appendus sur des lacs de soie brune.

 

Le sceau de Roger  représente une scène de guerre, avec le seigneur en armure, sur son cheval au galop, armé d'une épée et d'un bouclier orné de ses armoiries aux trois roses. Au revers, on trouve un contre-sceau de 34 mm reprenant les armoiries aux trois roses. Notons que le choix de la rose comme symbole des armoiries pourrait s'expliquer par une analogie avec le nom Rozoy.

Le sceau d'Aélide représente une scène de chasse : la jeune femme monte son cheval en amazone, au pas, un oiseau de proie sur sa main gauche, sur champ de trois roses. Un sceau rond et équestre pour une femme est plutôt rare : la forme en navette est plus répandue et la femme est bien souvent représentée dans un sceau de type pédestre. La présence du sceau d'Aélide sur la charte confirme son importance dans les transactions de son mari.

 

Le sceau, garantie de l'authenticité d'un acte, nous renseigne sur le mode de signature de l'époque médiévale. Ses représentations ont aussi un côté ethnographique aujourd'hui, en nous offrant des informations notamment sur le costume et les loisirs.

 

Pour en savoir plus :

C. Simonet, Sceau et pouvoir à Laon et à Soissons (XI-XVe siècles), Paris, 2008.
M. Pastoureau, Les Sceaux, typologie des sources du Moyen-Age occidental, Turnhout, Brepols, 1981.