Le rattachement des maladreries d’Oulchy-le-Château et de Neuilly-Saint-Front

doc_du_mois_decembre0009.jpg
doc_du_mois_decembre0010.jpg
doc_du_mois_decembre0011.jpg

Voir toutes les images (3)

 

Du Moyen Âge à la Révolution française, la bienfaisance, les soins et l’accueil des nécessiteux sont avant tout l’affaire des religieux. En effet, pendant des siècles, l’Église et ses représentants fondent, administrent les lieux de soins et en assurent le fonctionnement. Cependant, ce sont les dons et les legs des laïcs qui ont bien souvent rendu possible l’édification des hospices, maladreries, léproseries et hôtels-Dieu tout au long de cette période.

 

Ainsi, la tradition attribue la fondation de l’hôtel-Dieu de Neuilly-Saint-Front à Jeanne d’Evreux. Cette reine de France, veuve du roi Charles IV le Bel, aurait fondé cet établissement aux alentours de 1370. Or, aucun document ne vient appuyer cette affirmation et plusieurs documents des XVIe et XVIIIe siècles évoquent une fondation bourgeoise, œuvre des habitants de Neuilly-Saint-Front, remontant du XIIIe siècle.

 

Longtemps administré par des religieuses de l’ordre de Saint-François, la gouvernance de l’hôtel-Dieu est confiée par la supérieure franciscaine, Migneux des Essarts, à l’évêque de Soissons, Fabio Brulart de Sillery, à la fin du XVIIe siècle. Un conseil, constitué du prévôt, des curés de Saint-Front et de Saint-Rémy-au-Mont et de deux administrateurs nommés par les habitants de la commune, administre l’établissement.

 

À la même période, les maladreries de Neuilly-Saint-Front et d’Oulchy-le-Château sont rattachées à l’hôtel-Dieu. Toutes deux dépendaient à l’origine de la commanderie de Neuilly-Saint-Front qui relevait des ordres de Notre-Dame du Mont-Carmel et de Saint-Lazare de Jérusalem. À la suite du décès de Jean Cornélius, dernier titulaire de la commanderie, Louis XIV concède, par lettres patentes datées de décembre 1695, le rattachement des deux maladreries pour compléter le patrimoine de l’établissement. En effet, à la fin du XVIIe siècle, l’hôtel-Dieu de Neuilly-Saint-Front ne disposait que de 69 arpents de terre et d’un revenu estimé à 500 livres. Avec le rattachement des deux maladreries, le patrimoine de ce dernier atteint 160 arpents de terre et un revenu total d’environ 2 000 livres.

 

L’annexion de la maladrerie d’Oulchy-le-Château est cependant remise en cause en 1749. En effet, les administrateurs de l’hôtel-Dieu d’Oulchy-le-Château adressent alors à l’évêque de Soissons, François  de Fitz-James, une requête lui demandant la restitution de la maladrerie. En réponse, les administrateurs de l’hôtel-Dieu de Neuilly-Saint-Front adressent à leur tour un mémoire à l’évêque de Soissons pour justifier leurs droits sur la maladrerie d’Oulchy-le-Château. Ils avancent tout d’abord qu’il n’y avait pas d’hôtel-Dieu à Oulchy-le-Château en 1695, mais seulement une communauté de religieuses hospitalières. Ensuite, la maladrerie faisant partie de la commanderie de Neuilly-Saint-Front, il était normal qu’elle fût rattachée à l’hôtel-Dieu de Neuilly-Saint-Front comme le reste du patrimoine de la commanderie. Enfin, l’établissement manquait de moyens pour entretenir ses neuf lits (dont un pour les malades d’Oulchy-le-Château), et il avait besoin de ressources supplémentaires.

 

Face à cet argumentaire, l’évêque de Soissons rejette la demande des administrateurs de l’hôtel-Dieu d’Oulchy-le-Château, tout en renouvelant l’obligation pour celui de Neuilly-Saint-Front d’entretenir un lit pour les malades d’Oulchy-le-Château.