Le droit de gambage

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Le document présenté ici est un terrier seigneurial. Il s’agit du terrier de la seigneurie de Laigny. Cette dernière dépendait de l’Intendance de Soissons et relevait pour partie de la châtellenie de Voulpaix.

 

Les terriers établis au cours de l’Ancien Régime peuvent être perçus comme les prédécesseurs du cadastre du XIXe siècle. En effet, tout comme la documentation cadastrale, les terriers ont principalement une vocation fiscale. Ils se présentent sous la forme de registres qui regroupent l’ensemble des bien-fonds et leurs propriétaires, ainsi que les droits, redevances et obligations auxquels ils sont soumis. De plus, les terriers peuvent contenir ou être accompagnés de plans et de dessins qui représentent les biens mentionnés dans les registres.

 

Les terriers présentent également l’ensemble des droits du seigneur sur ses tenanciers. Il y a d’une part le droit de justice et d’autre part le droit d’impôts. Ces droits sont essentiellement un ensemble de taxes perçues par le seigneur et dues par ceux qui occupent ses terres. Ils s’appliquent à un vaste ensemble d’activités telles que l’usage du four, du moulin, et du pressoir, ou encore à la vente de vin ou de grain. La rénovation régulière des terriers permet de renouveler et rappeler ces droits aux tenanciers du seigneur.

 

Le terrier de la seigneurie de Laigny établi en 1611 mentionne un droit particulier qu’est le droit de gambage ou cambage, issu de cambe qui désigne les brasseries dans le nord de la France. Il s’agit d’une taxe perçue sur le brassage de la bière. Le seigneur a le droit de prélever 4 pots ou 4 setiers par brassin réalisé sur ces terres. Il faut rappeler ici qu’au Moyen Âge, la bière est une boisson peu alcoolisée de consommation courante qui remplace régulièrement l’eau, celle-ci étant souvent impropre à la consommation. Le brassage de la bière, en portant l’eau à environ 65 °C, permet d’en éliminer les impuretés et les bactéries. La bière pouvait alors être brassée chez soi pour une consommation domestique ou en plus grande quantité dans des brasseries pour être vendue. Par l’usage de ce droit, le seigneur s’assurait de disposer d’une quantité suffisante de bière.