La rue Eugène Leduc, ou comment rendre hommage à un concitoyen

FRAD002_E_DEPOT_401_1_O_41_001.jpg
FRAD002_E_DEPOT_401_1_O_41_002.jpg
FRAD002_E_DEPOT_401_1_O_41_003.jpg

Voir toutes les images (3)

 

Par arrêté préfectoral du 5 février 1937, faisant suite à une délibération du conseil municipal de Laon du 29 janvier de la même année, la Grande Rue du faubourg de Vaux prend le nom de « rue Eugène Leduc ».

 

Mais pourquoi la désigner ainsi ?

 

Tout au long du XXe siècle, le conseil municipal de Laon cherche, par la dénomination des rues, à rendre hommage aux personnalités nationales et locales. Il en est ainsi de la rue Paul Doumer, ancienne rue de la Préfecture, dénommée ainsi au lendemain de l’assassinat du président Doumer en 1932 ou encore de la rue Nestor Gréhant, ancien Champ Saint-Marcel, pour rendre hommage au physiologiste né dans le quartier Saint-Marcel en 1838.

 

En ce qui concerne la Grande Rue de Vaux, ce nom est attesté en 1887 dans un rapport au conseil municipal et désigne alors la voie « depuis la maison Chédaille jusqu’à la rencontre des routes de Reims et de Marle ». Néanmoins, un rapport de 1930 juge la désignation trop commune : trois rues de différents faubourgs de la ville portent en effet le nom de « Grande Rue ». En 1932, les débats de la 3e commission du conseil municipal rapportent la proposition de donner le nom d’Aristide Briand à cette rue, proposition rejetée ensuite car le nom a déjà été donné à la place du Monument-aux-Morts.

 

Alors que pour une personnalité native de la commune comme Nestor Gréhant, il a fallu plus d’un an pour qu’une rue porte son nom, celui d’Eugène Leduc est décerné à la Grande Rue de Vaux en l’espace d’un mois à peine, à la suite à son décès. Eugène Leduc décède en effet le 3 janvier 1937 à Laon, à son domicile de la rue du Fort-Mahon, à deux pas de la rue éponyme.

 

Né le 22 avril 1872 à Laon, entrepreneur en maçonnerie, c’est un homme reconnu pour son intense activité dans la vie politique locale et ce dès 1904. Il a occupé plusieurs mandats : conseiller municipal puis adjoint au maire de Laon, conseiller d’arrondissement, conseiller général en 1925 et vice-président du conseil général de l’Aisne en 1933. Son implication dans le parti radical et dans divers comités et commissions est également très importante. A tel point, que lors de son décès, c’est un hommage unanime qui lui est rendu. Cet hommage transparait dans les articles que lui consacre la presse locale. Le Courrier de l’Aisne souligne son « caractère affable et serviable qui lui avait valu sa popularité dans les faubourgs de Laon […] », Les Tablettes de l’Aisne rappelle son « rôle considérable dans la politique locale » et sa « situation prépondérante à Vaux » et Le Progrès de l’Aisne insiste, quant à lui, sur ses qualités humaines et de travail, lui reconnaissant avant toute chose : « le courage de ses opinions et une aversion sincère pour les honneurs ». Les journalistes tiennent, dans tous les cas, à souligner l’apport majeur de ce grand homme à la vie locale et l’admiration que tous lui portaient, qu’ils aient eu des divergences ou des accointances.

 

En janvier 1937, c’est bien un vibrant hommage que toute la ville de Laon souhaite rendre à Eugène Leduc. Sa veuve remercie grandement le maire pour les honneurs qui lui ont été rendus lors des obsèques par la municipalité et les divers comités auxquels Eugène Leduc appartenait. Et dès le 29 janvier, le conseil municipal prend une délibération qui donne son nom à une rue, décision appuyée par une pétition signée par 67 habitants de la Grande Rue de Vaux.