La colère de Léon Accambray

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Léon Accambray est élu député de l’Aisne lors des élections de 1914. Il représente le parti radical. Dès 1914, il rejoint le groupe parlementaire des régions occupées. Très actif, il est désigné membre de la commission des régions libérées dès sa création. Il effectue ainsi une mission de contrôle dans l’Aisne en avril et mai 1919. Il rend un rapport cinglant[1] pour les services chargés de reconstituer le secteur dévasté du Chaunois. C’est à la suite de ce rapport qu’il prend la parole devant l’Assemblée le 23 juin pour exposer sa colère et sa consternation.

 

Cette intervention se déroule lors des débats préparatoires à la loi devant définir l’enveloppe pour permettre de lancer les indemnisations des dommages de guerre pour fin 1919. Pendant trente minutes, Léon Accambray fait un tableau effroyable des régions dévastées où les habitants sont revenus, de gré ou de force. Ces derniers vivent des situations de dénuement total. Alors que les voies de communications sont détruites, les habitants s'abritent comme ils peuvent, sans hygiène, contraints de boire l'eau des ruisseaux. L'assainissement inexistant fait en permanence planer la menace des pires épidémies, et les points de ravitaillement, éloignés, créent des concentrations de population susceptibles de favoriser d’éventuelles contagions.

 

Cette situation, Accambray la dénonce comme étant d'abord la faute du ministère des Régions libérées, de l'organisation administrative ubuesque et de l'armée, à la fois de mauvaise volonté et désorganisée par la démobilisation. Il propose ensuite plusieurs solutions dont l'idée fondamentale est de rapprocher les moyens et les décisions de l'échelon le plus proche du terrain

 

Ces quelques pages montrent que le Journal officiel, et notamment les débats parlementaires, est une source riche qui renseigne sur les effets des politiques nationales sur le plan local. En l’occurrence, le discours de Léon Accambray, qui a visité les régions dévastées comme membre de la commission parlementaire ad hoc, constitue un témoignage édifiant de la situation de la population axonaise à la fin de la guerre. Il laisse entrevoir l'abandon de la population privée de tout, leur courage et l'attachement à leur terre pour redonner une vitalité à notre département.

 

La situation décrite par Léon Accambray reflète le bilan terrible de la guerre, mais il porte aussi, dans le cœur des gens qu'il décrit, un espoir prêt à revitaliser notre territoire. Cette envie de revivre vous est contée dans l'exposition « Revivre ! » visible du lundi au vendredi de 9 h à 12 h et de 14 h à 17 h (hors ouvertures exceptionnelles) au nouveau bâtiment des Archives départementales situé au parc Foch à Laon



[1]. Archives Nationales F 2 2013, ACCAMBRAY L., mission de contrôle,1919.