1922 : l’édification du monument aux morts de Séry-lès-Mézières

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Si les monuments aux morts sont rares avant le XXe siècle, ils fleurissent au lendemain de la Première Guerre mondiale. Dans un même élan patriotique, les communes décident de rendre hommage aux victimes de ce conflit. Ainsi dans l’Aisne, alors que les communes relèvent leurs ruines et se reconstruisent, elles érigent simultanément des monuments dédiés aux « enfants du pays » morts pour la patrie et qui deviennent rapidement un élément architectural incontournable, aux côtés des bâtiments communaux que sont la mairie, l’église et l’école. Ces monuments sont bâtis plus pour commémorer les morts, défenseurs de la patrie, que pour célébrer la victoire. Plusieurs sont financés par les associations d’anciens combattants, par des donations de responsables politiques, des souscriptions publiques et des investissements communaux.

 

À Séry-lès-Mézières, l’architecture du monument n’a pas de caractère esthétique particulier ni remarquable : il s’agit d’un obélisque orné sur une de ses faces d’une palme. En revanche, le dossier d’archives consacré à son édification est riche, conservant notamment les plans de plusieurs entrepreneurs candidatant pour sa construction, un registre des délibérations du comité du monument aux morts et une importante correspondance accompagnant la souscription publique.

 

L’idée initiale d’un monument remonte au mois de janvier 1921, lorsque l’ancien président de la société de préparation militaire de Séry-lès-Mézières, L’Espérance, envisage qu’une part de la somme allouée aux dommages de guerre soit utilisée pour l’érection d’un monument aux morts. Un Comité du monument aux morts de Séry-lès-Mézières, présidé par le maire Alphonse Charpentier, décide dès sa première réunion du 11 décembre 1921 de solliciter des entrepreneurs et de lancer une souscription publique. Dès le 18 décembre, il opte pour le choix d’une « pyramide quadrangulaire en granit belge (ou « pierre bleue »), reposant sur un socle, le tout d’une hauteur de 4 mètres environ ». Cinq marbriers concourent pour ce chantier et c’est le projet de l’atelier Rombaux-Roland de Jeumont qui est retenu pour ériger le monument destiné à glorifier le sacrifice des enfants du pays. Des catalogues et publicités de cette maison montrent que cette entreprise proposait des modèles assez standards et produits en série, avec toutefois quelques variantes individuelles ou à la demande du commanditaire. En raison de son faible coût, le modèle du monument, un obélisque orné d’une palme et arborant la croix de guerre, est modeste au regard d’autres monuments plus imposants mais également plus onéreux. En comparaison avec le plan initial proposé par la maison Rombaux-Roland, quelques modifications ont été apportées, notamment dans le dessin de la palme.

 

La souscription lancée par la commune permet de récolter de nombreux dons, provenant des habitants mais aussi de six députés et de deux sénateurs. La somme collectée excédant l’estimation de 5 000 francs, il est décidé que les noms des 35 soldats déclarés « morts pour la France » seront finalement inscrits en relief sur deux plaques de bronze posées sur les faces latérales du monument aux morts. Si le comité refuse cependant d’y faire figurer celui d’un certain émile Bochard non déclaré « mort pour la France », il désire que les noms des prisonniers civils y soient ajoutés. Enfin, il est décidé qu’il sera construit devant le groupe scolaire, face à la place publique, lieu approprié pour les commémorations futures.

 

Inauguré le 22 octobre 1922, ce cénotaphe aide les familles à accomplir le travail de deuil et la commune à s’associer à cet hommage aux disparus. Le monument aux morts de Séry-lès-Mézières, comme 30 000 autres érigés entre 1920 et 1925 en France, inscrit dans la pierre les noms et le souvenir des soldats originaires de cette commune.