De parfaites ménagères …

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M. et Mme Prudhommeaux1 décident en 1929 d’affecter une partie de la Villa André-Marie qu’ils possèdent à Lesquielles-Saint-Germain à des œuvres d’éducation sociale, entre autres pour un cours d’enseignement ménager. Une délibération du conseil municipal en date du 23 novembre 1929 entérine la création de ces cours, rattachés à l’école laïque, en attribuant une aide de 200 francs pour les premières dépenses. L’enseignement ménager, exclusivement destiné aux jeunes filles, comporte des cours de ménage, cuisine, lessive et travaux manuels.

Les fondateurs de l’institution de Lesquielles-Saint-Germain se sont inspirés du programme des cours dispensés à l’école professionnelle et ménagère de Schaerbeek, commune située dans la banlieue de Bruxelles. L’objectif de cette école n’est pas uniquement de faire des jeunes filles de parfaites épouses mais véritablement de leur apprendre « par un enseignement professionnel varié, à diriger un ménage à leur sortie de l’établissement ou d’occuper un emploi dans le commerce et l’industrie2 ». Les jeunes filles sont préparées à être de futures mères et maîtresses de maison avec des cours de pédagogie maternelle et d’économie domestique. L’enseignement de base (cuisine, travaux à l’aiguille, etc.) est complété par des aspects plus inattendus : modes, fleurs artificielles, articles de jais, qui ont notamment pour but d’apprendre aux jeunes filles à harmoniser les teintes ou à connaître le prix moyen des rubans. Pour devenir des « employées capables », les jeunes femmes sont formées au français, à l’arithmétique, au dessin industriel et aux sciences commerciales.

L’ambition à Lesquielles-Saint-Germain semble plus modeste. Le cours post-scolaire, assuré par l’institutrice de l’école des filles, est très axé sur la pratique. L’album photo réalisé en 1931 permet de découvrir les différentes activités des jeunes filles, associées à des maximes montrant bien l’état d’esprit général : « les fillettes savent que le linge blanc doit être la plus grande coquetterie de la bonne ménagère » ou « la cuisine où les grandes fillettes se préparent à leur rôle futur d’excellentes ménagères et de parfaits cordons-bleus ». 

L’intérêt pour l’éducation des filles et la pédagogie que montrent les Prudhommeaux en fait les dignes héritiers de Marie Moret. Celle-ci a en effet réfléchi dès la seconde moitié du XIXe siècle à assurer aux enfants un enseignement qui a pour but « d’être le plus utile possible à une population destinée à la vie productive3 ». En plus de la lecture, l’écriture, le français et l’arithmétique, d’autres matières étaient également prévues comme le dessin appliqué à l’industrie, la comptabilité, l’histoire ou l’économie domestique pour les filles.

1 La fille d’Emilie Dallet, sœur de Marie Moret, a épousé un membre de la famille Prudhommeaux. Cette famille est très liée à l’histoire du Familistère. Ses descendants ont fait don aux Archives départementales des papiers de Marie Moret et de la famille Dallet-Prudhommeaux (fonds coté 53 J). 
2 Extrait de la brochure de présentation de l’école professionnelle et ménagère de Schaerbeek, FRAD002 53 J 44. 
3 FRAD002 53 J 20.