La collection rassemblée par l'Association pour la sauvegarde de la maison de Saint-Just comporte dix pièces, toutes en excellent état de conservation :
- Une nouvelle politique écrite par Saint-Just en 1789, peu de temps avant la Révolution,
- Un projet de discours, jamais prononcé, écrit pour la...
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La collection rassemblée par l'Association pour la sauvegarde de la maison de Saint-Just comporte dix pièces, toutes en excellent état de conservation :
- Une nouvelle politique écrite par Saint-Just en 1789, peu de temps avant la Révolution,
- Un projet de discours, jamais prononcé, écrit pour la Convention, dans un contexte politique et économique très tendu, où Saint-Just expose ses théories économiques,
- Un projet de Constitution,
- Cinq extraits de registres des arrêtés du Comité de Salut public,
- Un arrêté sur sa mission auprès de l'Armée du Rhin,
- Une correspondance inédite adressée à un avoué de Coucy.
Intérêt des documents
Les documents éclairent plusieurs aspects de la vie de Saint-Just : son activité d'écrivain politique, ses réflexions de théoricien, son action pendant la Terreur, son rôle au sein du Comité de Salut public et plus spécialement comme représentant aux Armées.
La nouvelle intitulée "La raison à la morne" (91 J 1) est l'occasion pour le jeune Saint-Just de dénigrer la monarchie absolue. A partir d'un fait divers réel, Saint-Just met brièvement en scène les personnages les plus en vue du régime, pour démontrer le peu de cas que la France fait de la raison : "Bonne occasion de déplorer l'absence de liberté, les vices des ordres privilégiés, les turpitudes des grands de la cour et les incapacités des excellences".
Le discours de février 1793 (91 J 2) est un important inédit. Il a été écrit vraisemblablement entre la déclaration de guerre de l'Angleterre à la France (1er février 1793) et la désertion de Dumouriez (5 avril 1793). Le parti de la Montagne connaît alors de graves difficultés et Saint-Just écrit son discours pour "clarifier sa position politique (…) en démontrant que la cour de Londres entend exploiter les complicités dont elle dispose dans le pays et l'état calamiteux des finances publiques pour détruire la Révolution et que par ailleurs la taxation ne peut en aucune manière constituer une réponse opportune aux maux dont souffre la République". Saint-Just n'a jamais prononcé son discours, sans qu'on connaisse les raisons qui l'ont conduit à y renoncer, mais il n'a pas détruit son manuscrit et nous laisse ce texte incomplet, témoignage d'une période importante de la vie de son auteur comme de celle de la première République.
Les documents issus de l'activité du Comité de salut public nous montrent Saint-Just dans l'action politique. Au moment où la Convention juge le Roi, en janvier 1793, elle éprouve le besoin de créer une structure permanente issue des précédents comités, afin de régler les nombreux conflits diplomatiques et militaires qui ont lieu dans le pays : il s'agit du Comité de Défense Générale, institué le 3 janvier 1793. Ce comité est remplacé quelques mois plus tard par le Comité du Salut Public, qui a pour objectif de surveiller et d'accélérer le travail des ministres. Il s'arroge progressivement l'ensemble des pouvoirs et s'impose finalement comme un véritable gouvernement dictatorial indépendant agissant au nom de l'Assemblée
Les cinq documents illustrent successivement divers aspects soumis à la vigilance du Comité de salut public : organisation de la fête du 14 juillet (91 J 3), troubles et émeutes sur le territoire (91 J 4), gouvernement de la Belgique sous les lois de la République française (91 J 5), travaux aux frontières (91 J 6), rétablissement brutal de la discipline dans l'armée du Rhin (91 J 7). Ils rappellent ainsi les talents d'organisateur de Saint-Just et ses succès comme administrateur aux armées.
Enfin le 91 J 8 offre l'expérience de la lecture de la correspondance de Saint-Just, presque entièrement disparue.
Ces dix manuscrits écrits de la main ou signés de Saint-Just offrent une image vivante de leur auteur, écrivain à la plume vive et sûre, et homme d'action porté par des convictions ardentes jusqu'à le rendre impitoyable.