Persécutions antijuives, spoliations et déportation

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La discrimination est avant tout raciale et religieuse : le statut de juif est appliqué à toute personne pratiquant la religion juive ou ayant des ascendants juifs. Les juifs de la zone occupée sont recensés par les Allemands dès le mois de septembre 1940. En zone libre, le régime de Vichy permet l'internement des juifs étrangers sur décision du préfet (décret du 4 octobre 1940) ; un décret du 9 décembre 1941 prévoit l'internement des juifs étrangers et apatrides entrés en France à partir du 1er janvier 1936. Parallèlement, la loi du 21 avril 1939 punissant la parution d'articles antisémites dans la presse est abrogée ; la propagande antisémite et raciste du régime de Vichy s'exprime dès lors au grand jour (Cf. tract antisémite). En mai 1942, le port de l'étoile jaune est imposé à tous les juifs âgés de plus de 6 ans résidant en zone occupée. Le régime de Vichy refuse d'étendre cette mesure à la zone libre, ce sont en revanche les représentants de l'État français en zone occupée qui sont chargés d'assurer la remise des étoiles (Cf. ordonnance allemande du 29 mai 1942 et procès-verbal de remise des étoiles jaunes).

 

La discrimination est aussi économique : les juifs sont progressivement exclus des professions commerciales, artisanales, industrielles et libérales, ce qui n'est pas sans poser de problèmes à l'administration (Cf. note du sous-préfet de Vervins sur l'application du statut des juifs, 1941). Parallèlement, l'aryanisation des biens juifs s'opère peu à peu : en zone occupée, les Allemands imposent l'apposition d'affiches sur les vitrines des commerces juifs et placent sous séquestre les biens des juifs arrêtés ou absents dès octobre 1940. Des administrateurs provisoires sont progressivement nommés à la tête des commerces et entreprises juives et sont chargés de les vendre ou de les liquider (Cf. affiches apposées sur les vitrines des commerces juifs). Le régime de Vichy crée quant à lui le Commissariat général aux questions juives en mars 1941 puis adopte en juillet la loi dite "d'aryanisation" qui vise à " upprimer toute influence israélite dans l'économie nationale".

Dès 1941, police et gendarmerie françaises participent - aux côtés des Allemands - à des internements massifs de juifs en zone occupée (Cf. note du commissaire de police de Soissons au sous-préfet, 21 mai 1941). Mais en 1942, un nouvel seuil d'ignominie est franchi : les Allemands choisissent la solution finale et décident d'exterminer les juifs. Les rafles se multiplient (Cf. rafle de juifs étrangers en juillet 1942, rapport du commissaire de police de Soissons, 5 janvier 1944). Les juifs axonais sont transférés puis parqués à Drancy avant d'être déportés et assassinés en Allemagne (cf. billets de chemins de fer, note du préfet régional de Châlons).

 

Les Wajsfelner de Soissons, polonais en instance de naturalisation, n'échappent pas à la tourmente. Marchands forains, "francophiles", ils "ont une bonne attitude au point de vue politique et national". Ils perçoivent les étoiles jaunes le 6 juin 1942. Tous les membres de la famille sont arrêtés et déportés entre 1942 et 1944. Aucun d'entre eux ne reviendra...