Comment consolider la rose de la façade occidentale de la cathédrale de Laon ? Un dessin inédit de 1785

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Au sein du fonds des archives de la fabrique de l’église Saint-Michel de Laon, se trouve un devis agrémenté d’un dessin relatif à la cathédrale de Laon. Le rangement de ce document dans une liasse d’archives consacrée à une paroisse laonnoise demeure inexpliqué.

 

Daté du 12 novembre 1785, ce devis précise bien, dès les premières lignes, l’objet des futurs travaux : « moyens de retenir la rose donnant au couchant derriere l’orgue de la cathedralle de Laon ». Le dessin représente donc la rose de la cathédrale, vue du revers de la façade occidentale, et l’adjonction prévue de barres de fer afin de la consolider. L’emploi du fer dans l’architecture ne constitue pas une nouveauté. Dès le Moyen Âge, le métal sert à chaîner des matériaux entre eux, mais son utilisation reste encore onéreuse. Ici, la pose de tirants métalliques fixés dans la pierre doit consolider l’architecture médiévale de la rose, car les risques encourus sont nombreux : « ces moyens employés pour parer à la destruction de cette rose détruiront les craintes que l’on pouroit avoir de sa chute dans les orragants ». En effet, les coups de vent peuvent ébranler les architectures ; ainsi, la tempête de 1624 avait déjà endommagé la tour de l’horloge.

 

Mais la maçonnerie d’une cathédrale peut être également fragilisée par d’autres facteurs : affaissement des fondations, pression des voûtes, voire éventuelles secousses sismiques comme en 1580 et 1692. Afin de parer à tous ces dangers, le chapitre cathédral décide donc d’ajouter « quatre barres de fere de chacune vingt pieds de longueur sur 15 lignes quarrées tombant obliquement sur la traverse qui se trouve posé orisontallement sur toutte la longueur du diametre et au dessus de laquelle il faut ajouter une seconde traverse paralellement posée ».

 

Ce devis permet donc de constater qu’une traverse métallique existait déjà, maintenue par deux barres verticales (hachurées sur le dessin), mais qu’elle apparaissait insuffisante pour la préservation de la rose. Le dessin représente précisément les portions de pierre dessinant la rose et l’emplacement des parties vitrées, mais aussi la position des barres de fer et leur mode de fixation entre elles. Si ces barres métalliques ont aujourd’hui disparu, nous constatons que la forme de la rose est restée la même et n’a donc pas été dénaturée par les travaux de restauration du XIXe siècle.

 

Les dessins d’architecture sont très rares pour l’Ancien Régime et ce plan signé Duroché constitue un magnifique exemple des travaux de restauration exécutés depuis le Moyen Âge à la cathédrale aujourd’hui disparus du fait des réparations ultérieures. Ce document n’est pas non plus sans rappeler la fragilité de l’architecture gothique et le destin tragique de la rose de la façade occidentale de la cathédrale de Soissons, soufflée par la tempête de janvier 2017.