Robe rouge en voie de disparition…

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Ce mois de mai, et plus particulièrement ce 22 mai, journée mondiale de la biodiversité, nous emmène en Thiérache, où  pâturaient jadis de singulières vaches rouges.

 

A quelques exceptions près, les élégantes vaches de Clairfontaine portent donc une robe rouge en cette fin d’année 1871, mais doivent non moins élégamment lutter contre une vaste épidémie en cours, le typhus contagieux des bêtes à corne, plus couramment  dénommé peste bovine.

 

Cette épidémie qui trouve ses origines au sein de la guerre franco-prussienne, sévit  dès 1870 et progresse de l’est vers l’ouest au fur et à mesure de l’avancée des armées ennemies. En septembre 1870, les premiers cas de typhus sont recensés près de Nancy, où séjournaient, dans un parc d’approvisionnement destiné à l’armée prussienne, des bœufs provenant de Silésie et de Hongrie. Au XIXe siècle, la peste bovine est couramment attribuée à une race prédisposée à contracter  cette maladie particulière, la race des steppes de la Russie méridionale.

 

Fin  1871, une recrudescence de la maladie est constatée dans les campagnes de l’Aisne et  jusqu’à la frontière belge, l’espèce ovine est désormais elle aussi atteinte.  Des mesures rigoureuses sont alors prises. Par  arrêté préfectoral du 1er décembre 1871, les foires et marchés agricoles sont interdits, l’abattage des troupeaux est prescrit dès lors qu’un sujet est atteint, la circulation des animaux est restreinte à certaines conditions. Enfin, afin de contrôler la bonne application de ces mesures, un recensement général des animaux de l’espèce bovine et ovine est imposé à toutes les communes du département, accompagné, pour l’espèce bovine, de leur signalement.

 

A Clairfontaine, ce signalement  révèle donc la présence majoritaire de vaches rouges. Au fil des pages de ce cahier de recensement, une race, originaire  du nord de l’Europe, s’affirme donc sur le bocage thiérachien, la race flamande, race désormais en voie de disparition.

 

Outre ces épidémies, les deux guerres mondiales ont contribué largement à son déclin. La reconstitution des cheptels s’est effectuée au bénéfice  de la race hollandaise.  Rebaptisée en 1990  Prim’Holstein, cette dernière  possède des capacités de production laitière hautement supérieures.

 

La race flamande  a été décrite au milieu du XIXe siècle1 et comptabilise alors environ 1 000 000 d’animaux. Aujourd’hui, elle subsiste quelque peu  dans les régions Nord-Pas-de-Calais, Picardie, mais ne restent actuellement plus que 2 500 sujets contre 2 500 000 pour la race hollandaise. Les caractéristiques de son  lait  ont été exploitées pour donner naissance à quelques spécialités fromagères telles maroilles et bergues.

 

Si la course à la productivité a engendré la disparition ou le déclin de certaines espèces animales ou végétales, les documents d’archives, tels ce modeste cahier de recensement issu du fonds des archives communales de Clairfontaine témoignent de leur existence et de l’importance de leur présence.

 

1 Pierre-Aristide Lefour, Description des espèces bovine, ovine et porcine de la France, t. I, 1857.