Registre matricule du Lycée agricole de Crézancy

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Le mois d’octobre était jusqu’aux années 1960 le mois de rentrée des écoliers. En effet, l’année scolaire s’étendait du 1er octobre jusqu’à la mi-juillet, selon les départements,  afin de permettre aux enfants d’aider aux travaux agricoles. Puis, la date de rentrée scolaire a été progressivement avancée au 24 septembre à partir de 1960, au 15 septembre après 1968, et au début du mois de septembre à partir des années 1980. L’avancée de la date de rentrée scolaire a été faite pour compenser l’arrivée de nouvelles périodes de vacances à la Toussaint, à Noël, en février et au printemps, ainsi que la diminution du nombre d’écoliers aidant réellement aux travaux des champs.

 

Cependant, pour certains élèves, la rentrée scolaire ne signifiait pas pour autant la fin des travaux agricoles, à l’image des écoliers qui rejoignaient les bancs des écoles d’agriculture.  L’enseignement agricole en France s’inscrit dans une longue histoire. En effet, il tire ses origines des premières écoles vétérinaires apparues sous l’Ancien Régime, à savoir celles de Lyon et d’Alfort. De la Révolution à 1848, on entrevoit l’émergence d’établissements d’enseignement privés au niveau local, en particulier après 1830. Dans le même temps, l’État organise l’enseignement vétérinaire et agricole au niveau national avec la création de l’École des eaux et forêts et de l’École des haras. Il n’existe cependant pas de réseau hiérarchisé de l’enseignement agricole à cette époque. C’est à partir de 1848 que ce dernier se structure. Le décret du 3 octobre 1848 établit une hiérarchie entre les fermes-écoles, les écoles régionales d’agriculture et l’Institut nationale agronomique, supprimé en 1852. La loi du 30 juillet 1875 vient compléter cette organisation en instaurant les écoles pratiques d’agriculture. Toutes ces structures dépendent du ministère de l’Agriculture. Mais le ministère de l’Instruction publique participe également à l’enseignement agricole par le biais de cours spécifiques dispensés dans les écoles de l’enseignement général. Par la suite, la loi du 2 août 1918 étend l’enseignement professionnel agricole aux filles et intègre une nouvelle particularité, l’enseignement saisonnier. C’est également à partir de 1918 que se développe l’apprentissage agricole. Il faut enfin attendre la loi du 2 août 1960 pour que s’harmonisent l’enseignement agricole et l’enseignement général et technique.

 

Le document présenté ici témoigne donc de cet enseignement. En effet, il s’agit d’un registre matricule de la promotion 1893 de l’école pratique d’agriculture de Crézancy. L’établissement a été fondé en 1891 à l’initiative de Pierre Alexandre Delhomme. Ce dernier avait acquis en 1878 le domaine dit de la Croix-de-fer à Crézancy dans le but d’y bâtir une ferme-école. Cette ferme devint l’école pratique d’agriculture de Crézancy en 1891 et existe encore actuellement sous l’appellation Lycée d’enseignement général et technologique agricole de Crézancy. Ce registre matricule, datant de 1893, reflète les premières années de l’école.

 

La tenue des registres matricules des élèves est rendue obligatoire pour les écoles primaires par l’arrêté organique du 18 janvier 1887. C’est ensuite la circulaire du 14 janvier 1890 qui uniformise et normalise la forme de ces registres. Ainsi, le directeur de l’école y inscrit les élèves en fonction de leur ordre d’arrivée et leur attribue un numéro de matricule. Dans ce registre figurent donc les nom et prénom de l’élève, la profession, le nom et l’adresse des parents, la date d’entrée et le nom de l’école d’origine de  l’élève et le cas échéant la date d’obtention de son certificat d’études. D’autres informations peuvent être ajoutées par le directeur, telles que des remarques sur le comportement de l’élève et des appréciations scolaires. Les registres matricules des élèves constituent donc un outil de gestion administrative pour les directeurs d’écoles et permettent d’établir des certificats de scolarité. Mais c’est aussi une source historique précieuse. En effet, grâce aux informations qu’ils contiennent, les registres matricules des élèves renseignent sur les catégories socioprofessionnelles des parents, sur l’origine géographique des élèves, sur le niveau d’instruction, sur les pratiques éducatives et sur les parcours scolaires des écoliers. En outre, certains registres matricules comportent une partie relative au personnel enseignant où figurent des informations sur le parcours et la formation des instituteurs. De plus, les collections de registres matricules des élèves sont souvent très complètes. Ainsi, celles du Lycée agricole de Crézancy remontent aux premières années de l’établissement. Enfin, depuis la loi du 7 juillet 1994, les registres matricules des élèves ont pris le nom de registre des élèves inscrits.

 

Bibliographie :

Thérèse CHARMASSON (dir.), Histoire de l’enseignement (XIXe-XXe siècles) : guide du chercheur, Paris, Comité des travaux historiques et scientifiques, 2006.

Thérèse CHARMASSON (dir.), Archives et sources pour l’histoire de l’enseignement, Paris, Comité des travaux historiques et scientifiques, 2005.

Thérèse CHARMASSON, Anne-Marie Lelorrain et Yannick Ripa, L'enseignement agricole et vétérinaire de la Révolution à la Libération, Paris, Institut national de recherche pédagogique, Publications de la Sorbonne, 1992.