L'Archange de la Révolution

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Louis Antoine de Saint-Just est né à Decize, dans la Nièvre, le 25 août 1767. Son père, ancien officier de cavalier, chevalier de Saint-Louis, s’installe en 1776, avec sa famille, à Blérancourt. Le jeune Saint-Just a 9 ans. Trois ans plus tard, il entre aux Oratoriens de Soissons où il montre de bonnes dispositions pour les études. Quelques années plus tard, à la suite d’une dispute familiale et d’une fugue, sa mère obtient une lettre de cachet à son encontre. Il subit alors une peine d’emprisonnement de six mois qu’il met à profit pour écrire un pamphlet sur les institutions politiques et religieuses du royaume : Organt. Cet écrit sort quelques jours avant la réunion des Etats généraux.

 

Dés le début de la Révolution, à Blérancourt, Saint-Just défend les intérêts du petit peuple. Il prône déjà des idées avancées. Lieutenant-colonel de la garde nationale en 1789, il participe à la fête de la Fédération à Paris. Elu à la Législative, il doit renoncer à son mandat de député n’ayant pas l’âge requis. L’année suivante, à 25 ans, le collège électoral de Soissons l’envoie à la Convention où il siège sur les bancs de la Montagne avec Robespierre et ses amis. Il se fait un nom, le 13 novembre 1792, en prononçant à l’Assemblée, un violent réquisitoire contre Louis XVI : « On ne peut point régner innocemment. Tout roi est un rebelle et un usurpateur. » Il révèle, à cette occasion, de réelles qualités d’orateur qui seront mises à profit dans les moments difficiles. Saint-Just s’en prend ensuite aux révolutionnaires qui ont une vision différente de la Révolution de celle des Montagnards. Il lutte d’abord contre les Girondins puis ensuite, il se retourne contre les Hébertistes avant de s’en prendre à Danton et aux Indulgents. Entré au Comité de salut public dès juin 1793, il influe sur toutes les mesures gouvernementales et fait preuve de compétence et d’une grande énergie. Représentant en mission d’octobre 1793 à juin 1794, il est d’abord envoyé à l’armée du Rhin où il participe à la délivrance de Landau (28 décembre 1793), puis à l’armée du Nord où il prend une part importante à la victoire de Fleurus (26 juin 1794). Le 9 thermidor de l’an II (27 juillet 1794), il est arrêté sans résistance avec Robespierre et ses amis et meurt sur l’échafaud le lendemain ; il avait 27 ans.

 

Il est difficile de se faire une idée exacte de la physionomie de Saint-Just, tant il est vrai que la plupart des portraits du conventionnel ne sont pas fait d’après nature, mais d’après l’idée que l’on se fait de Saint-Just. Un pastel le représentant, conservé au musée Carnavalet, est peut-être le plus sûr. Il a en effet appartenu à la famille Le Bas, dont un membre était conventionnel et l’ami de notre révolutionnaire. Elle conservait pieusement cette œuvre. Le tableau de Proudhon a, semble-t-il, le même degré de véracité, l’artiste étant un familier de la maison Duplay où il a pu rencontré Saint-Just.

 

Le dessin ici présenté, acquis dernièrement par les Archives départementales de l’Aisne, date de la fin du XVIIIe siècle et représente Saint-Just. Le personnage a les traits de notre conventionnel, son regard fixe, pour le moins sévère ici, et le cou enserré dans une haute cravate. Il ressemble aussi aux portraits décrits ci-dessus. A tout le moins, il participe à la représentation que l’on se fait du conventionnel, archange de la Révolution.